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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/548

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avec son éloquence militaire et ses harangues seditieuses, où il ne cessoit d’attaquer l’orgueïl de la noblesse, réveilla la jalousie du peuple, et s’éleva par ce moyen aux plus grands honneurs. Sylla patricien se mit à la teste du parti contraire, et devint l’objet de la jalousie de Marius. Les brigues et la corruption peuvent tout dans Rome. L’amour de la patrie et le respect des loix s’y éteint.

Pour comble de malheurs, les guerres d’Asie apprennent le luxe aux romains et augmentent l’avarice. En ce temps, les généraux commencerent à s’attacher leurs soldats, qui ne regardoient en eux jusqu’alors que le caractere de l’autorité publique.

Sylla dans la guerre contre Mithridate laissoit enrichir ses soldats pour les gagner. Marius de son costé proposoit à ses partisans des partages d’argent et de terre.

Par ce moyen maistres de leurs troupes, l’un sous prétexte de soustenir le senat, et l’autre sous le nom du peuple, ils se firent une guerre furieuse jusques dans l’enceinte de la ville. Le parti de Marius et du peuple fut tout à fait abbatu, et Sylla se rendit souverain sous le nom de dictateur. Il fit des carnages effroyables, et traita durement le peuple et par voye de fait et de paroles, jusques dans les assemblées legitimes.