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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/55

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par ses victoires, devint suspect à ses citoyens ; et il fallut pour les contenter établir la loy, qui permit d’appeller au peuple du senat et des consuls dans toutes les causes où il s’agissoit de chastier un citoyen. Les tarquins chassez trouverent des défenseurs : les rois voisins regarderent leur bannissement comme une injure faite à tous les rois ; et Porsenna roy des clusiens, peuples d’Etrurie, prit les armes contre Rome. Réduite à l’extrémité, et presque prise, elle fut sauvée par la valeur d’Horatius Cocles. Les romains firent des prodiges pour leur liberté : Scevola, jeune citoyen, se brusla la main qui avoit manqué Porsenna ; Clelie, une jeune fille, étonna ce prince par sa hardiesse ; Porsenna laissa Rome en paix, et les tarquins demeurerent sans ressource. Hippias pour qui Darius se déclara, avoit de meilleures esperances. Toute la Perse se remuoit en sa faveur, et Athenes estoit menacée d’une grande guerre. Durant que Darius en faisoit les préparatifs, Rome qui s’estoit si bien défenduë contre les étrangers, pensa perir par elle-mesme : la jalousie s’estoit réveillée entre les patriciens et le peuple : la puissance consulaire, quoy-que déja moderée par la loy de P Valerius, parut encore excessive à ce peuple trop jaloux de sa liberté. Il se retira au Mont-Aventin : les conseils violens furent inutiles : le peuple ne put estre ramené que par les paisibles remontrances de Menenius