Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/93

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Il n’y eût pas jusqu’à Spartacus gladiateur, qui ne crust pouvoir aspirer au commandement. Cét esclave ne fit pas moins de peine aux préteurs et aux consuls, que Mithridate en faisoit à Lucullus. La guerre des gladiateurs devint redoutable à la puissance romaine : Crassus avoit peine à la finir, et il fallut envoyer contre eux le grand Pompée. Lucullus prenoit le dessus en Orient. Les romains passerent l’Euphrate : mais leur général invincible contre l’ennemi ne put tenir dans le devoir ses propres soldats. Mithridate, souvent batu sans jamais perdre courage, se relevoit ; et le bonheur de Pompée sembloit necessaire à terminer cette guerre. Il venoit de purger les mers des pyrates qui les infestoient depuis la Syrie jusqu’aux colonnes d’Hercule, quand il fut envoyé contre Mithridate. Sa gloire parut alors élevée au comble. Il achevoit de soumettre ce vaillant roy, l’armenie où il s’estoit refugié, l’Iberie et l’Albanie qui le soustenoient, la Syrie dechirée par ses factions, la Judée où la division des asmonéens ne laissa à Hyrcan Ii fils d’Alexandre Jannée qu’une ombre de puissance, et enfin tout l’Orient : mais il n’eust pas eû où triompher de tant d’ennemis, sans le consul Ciceron qui sauvoit la ville des feux que luy préparoit Catilina suivi de la plus illustre noblesse de Rome. Ce redoutable parti fut ruiné par l’éloquence de Ciceron, plustost que par les armes de C Antonius son collegue.