Page:Botrel - Chansons de route, 1915.djvu/23

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canon et à coups de fusil. Il y eut une vingtaine de morts et quelques dizaines de blessés. À La première explosion, le chansonnier allait monter sur sa petite estrade. Il y eut une stupeur et quelques cris d’effroi, un commencement de panique. La bombe était tombée à quatre mètres de l’hôpital, en en criblant les murs d’éclats de fonte, en en brisant toutes les vitres.

Une deuxième explosion suivit de près la première. Une balle perdue passant à travers les carreaux vint rouler aux pieds du poète breton, qui la ramassa, la mit dans sa poche, monta sa marche et dit : « On connaît ça ! — C’est comme au théâtre : On frappe au rideau. Au troisième coup, je commence ! » Le troisième coup arriva à point, et dans tous les lits on applaudit.

La séance commença et se poursuivit, une heure durant, dans l’enthousiasme, sous le bruit des bombes et des fusillades.

Depuis, les Taubes et les Aviatiks sont revenus en plus grand nombre, mais le sang-froid des Dunkerquois ne s’est plus démenti.


les poilus


La deuxième fois que j’entendis Botrel ce fut au Kursaal de Malo. On en avait retiré les banquettes et les fauteuils, car depuis la guerre il sert d’asile à des soldats qui couchent sur des bottes de paille étendues dans la vaste salle et sur la scène. La paille retirée, quelques décors rétablis, un bout de rampe allumé, il avait repris un peu de son ancien aspect. Trois mille territoriaux de la région du Nord, revenus depuis quelques jours des tranchées pour une période de repos, se pressaient debout dans la vaste salle. Quel