Page:Botrel - Le Mystere de Keravel.djvu/27

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Duguay-Trouin. Dans le vieux parler breton, Ker-Avel, ça veut dire : manoir du vent. Or, je ne sais point si c’est le vent qu’a bavardé, mais on a longtemps pertendu, comme ça dans le pays, que le corsaire y avait entassé des trésors, ramassés aux quatre coins du monde. Mais le trésor de ces trésors, voyez-vous, le joyau des joyaux, c’était, à c’ qui paraît, un diamant, le diamant des Rajahs, qu’on disait, une pierre merveilleuse qu’il avait eu de bonne prise, pendant une expédition chez les sauvages, du temps des Rois. L’ancêtre mort, son fils, qui fut fait baron par le Grand Empereur, veillait avec jalouseté sur ce qui restait du trésor… Mais les autres faillis chiens voulaient reprendre à tout prix le diamant, qui était pour eux comme une sorte de talisman, qui disaient, et ça, coûte que coûte ! Toujours est-il qu’un beau matin, il y a cent ans de cela, on a trouvé ici le fils du corsaire mort, étranglé en silence… Les sauvages, sans doute, étaient venus à Saint-Malo, mais ils n’avaient pas découvert la pierre… elle était trop ben cachée, vous pensez… Mais les païens, c’est astucieux… et, cinquante ans plus tard, au même endroit, on trouva son fils (À Robert), votre père respecté, assassiné de la même façon.

Robert. — Tout cela, ce sont des suppositions !

Pierre-qui-roule. — Et, cette fois, le diamant fut repris ?

Jacques. — Jamais de la vie ! Il existe encore, n’est-ce pas, Monsieur Robert ?

Robert, se frappant la poitrine. — Certes oui et il ne me quittera jamais. Les Hindous peuvent revenir, ils ne me font pas peur…

Jean. — Imprudent !

Robert. — Oh ! j’ai pleine confiance en tous ceux qui m’entourent ; et j’ai raison, n’est-ce pas, mes amis ? Mais finis ton histoire, vieux Jacques.

Jacques. — Eh ben, voilà ; paraîtrait que depuis ce temps-là, des fois, par des nuits sans lune, comme cette nuit-ci, on entend, tout à coup, gémir une voix, oh !