Page:Botrel - Le Mystere de Keravel.djvu/28

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mais une voix d’outre-tombe, quoi ! Y en a qui disent, comme ça, que c’est le vent de la mer ; d’autres qui disent que c’est l’âme des Kéravel défuntés qui reviennent crier vengeance ! (On entend un hurlement au loin.) Écoutez, écoutez, c’est elle… (Il se signe.)

Pierre-qui-roule. — Brr ! il n’est pas gai, le camarade !

François, qui s’est levé et est allé à la porte. — Es-tu gris ou fou ? C’est Rustaud, voyons, oui, Rustaud, le bon toutou, qui est enchaîné et qui flaire, lui aussi, la bonne odeur du réveillon. Non, mais, est-il plaisant, le vieux, avec sa voix de mort. (Lui frappant sur l’épaule en riant.) Vieille sorcière, va ! (Il se remet à table.)

Jacques. — Vous riez trop, m’sieur François, vous riez trop ! faut point rire avec ces choses-là, voyez-vous !

Robert. — N’empêche qu’avec ton histoire, tu nous as fait passer un petit frisson dans le dos. Pour ta peine, va donc porter à manger à Rustaud. Les bêtes aussi sont de la fête, cette nuit. N’ont-elles pas donné leur Part-à-Dieu dans l’étable ?

François, donnant le plat à Jacques. — Porte ça au chien, vieil imbécile.

Jacques, à Robert. — Merci pour lui… (À François.) Merci pour moué ! (Il sort.)


Scène X

Les mêmes, moins JACQUES

Robert, à Pierre. — Allons, encore un coup à boire, l’ami.

Pierre-qui-roule. — Oh ! c’est trop, monsieur, c’est trop ; j’ai pas l’habitude.

François, versant. — Justement, plus c’est vide, mieux ça tient.