Page:Botrel - Le Mystere de Keravel.djvu/37

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M. Duflair. — Avez-vous remarqué que les histoires terribles se passent toujours par une lugubre nuit de Noël ? Sans doute que cela fait mieux dans le tableau.

L’Étranger, à M. Duflair. — Fermez le bouche, mister Dublair !… Parlez, vieil homme !

Jacques. — Je reprends. M. de Kéravel, notre bon maître…

L’Étranger. — Descendant du corsaire famous Kéravel.

Jacques. — D’où savez-vous ça ?

L’Étranger. — Je savé ! Recommencez, vieil homme !

Jacques. — Je reprends. Notre bon maître, donc, avait présidé la veillée, au cours de laquelle il nous avait montré un bijou de famille, un trésor…

L’Étranger. — Yes : le diamant noir des Rajahs !

Jacques. — Ah ! vous savez aussi ?

L’Étranger. — Je savé. Recommencez à dire.

Jacques. — Chacun s’était retiré pour dormir un peu, une heure ou deux, avant la messe de minuit ; et puis, voilà que l’on redescend ici quérir le maître… vers onze heures et demie… on le trouve là, à cette place, tenez, tué d’un coup de couteau. Près de lui, son pauvre petit gâs, en chemise, évanoui, demi-mort itou, sur le cadavre de son père. (Il tire son mouchoir.) Ah ! voyez-vous… rien que d’y penser, ça me fend encore l’âme… Ah ! dame oui, dame !

L’Étranger. — Et qui était à cette souper ?

Jacques. — Il y avait, autour de notre maître, son fils, donc, le petit Yves ; son frère, le bon Monsieur Jean ; Monsieur François, l’intendant du château ; et puis moi qui vous parle. Et puis, enfin, il y avait aussi un chemineau qu’on avait recueilli par bonté d’âme, pour y donner la Part-à-Dieu. Ah ! ben, il nous l’a joliment rendue ! car c’est lui, le mauvais gâs, c’est lui qui a fait le coup. Demandez plutôt à Monsieur le Juge qui a fait l’enquête !