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Page:Bouasse - Bases physiques de la musique.djvu/103

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CHAPITRE VII.

seulement : 1o qu’il y a une incertitude notable dans les intervalles fournis mélodiquement, incertitude qui s’élève à un comma et dont on peut attribuer une bonne part à la mauvaise définition de la longueur de la corde vibrante et sa non parfaite homogénéité ; 2o que les sons émis l’un après l’autre sont, par rapport à la tonique, plus hauts que ne l’exige la gamme naturelle, sans qu’il soit possible d’affirmer qu’ils appartiennent plutôt à la gamme tempérée qu’à la gamme pythagoricienne. Ces conclusions ne valent strictement que pour les musiciens sur lesquels ils ont expérimenté ; nous les admettrons, si l’on veut, comme générales.

Helmholtz prétend cependant que des musiciens accomplis fournissent mélodiquement la gamme naturelle. Tâchons d’éclaircir cette question.


62. Habitude du mécanisme. — Qu’on réfléchisse à la manière dont s’exécute un intervalle sur un instrument à sons variables, voix ou corde.

1o Le musicien doit avoir une représentation nette du son qu’il veut produire ;

2o Il doit savoir à quelle position du doigt (violon, violoncelle), de la main (trombone à coulisse, cor), à quelle forme de la cavité buccale, à quelle tension des cordes vocales (voix) correspond un son pensé.

Ces mêmes opérations se retrouvent, mais à un degré rudimentaire, dans l’emploi des instruments à sons fixes : l’analyse de ce cas facilite la discussion du cas général. Admettons qu’un pianiste ait un doigt sur une touche, l’ut par exemple. Il voit sur la portée un sol ; il doit faire deux opérations : se représenter l’intervalle ut sol (intentionnellement je ne spécifie pas comment) ; donner à ses doigts l’écartement correspondant. Remarquons qu’ici la représentation ut sol peut ne pas faire intervenir les propriétés de l’oreille ; on peut supposer par exemple que le pianiste soit sourd, qu’il sache seulement l’écriture des notes et leur position sur le piano. En second lieu, il y a une assez grande tolérance dans la position du doigt ; c’est même la grandeur de cette tolérance qui caractérise l’instrument à sons fixes au point de vue de l’exécution.

Passons à un instrument à sons variables.