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Page:Bouasse - Bases physiques de la musique.djvu/71

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CHAPITRE V.

Si donc les intervalles de seconde et de demi-tons sont particulièrement désagréables, c’est qu’ils fournissent des battements nombreux. Il peut paraître étrange qu’on fasse intervenir dans la théorie de la consonance des battements dont le nombre peut être égal ou supérieur à 100. Il ne faut pas oublier que l’oreille est éminemment propre à reconnaître de très petits intervalles de temps. Quand deux pendules oscillent l’un à côté de l’autre, l’oreille apprécie la coïncidence des battements à de seconde prés. Il n’est donc pas étonnant que l’oreille, sans pouvoir compter ni percevoir isolément les battements de l’ordre de 100 à la seconde, considère cependant la sensation de l’accord comme discontinue et en éprouve une impression désagréable.

On admet que pour les sons simples le maximum de dureté correspond à 32 battements par seconde. Pour un nombre moindre, l’oreille commence à percevoir les coups séparément ; la masse sonore devient moins confuse. Bien que l’impression de chevrotement ne soit pas agréable, nous commençons à saisir la cause du tremblement ; d’où une notable diminution psychologique de dureté. Pour un nombre de battements plus grand que 32 à la seconde, la sensation tend à devenir continue, d’où une nouvelle diminution de dureté.

Bien entendu, dans le grave, on n’obtient ce nombre de battements que pour des intervalles considérables. Plus exactement on n’obtient pas de battements aussi rapides, l’intervalle devenant trop grand ; il faudrait en effet que les sons ut0 et ut1 par exemple agissent sur les mêmes résonateurs auriculaires pour fournir 32 battements à la seconde. Mais de grands intervalles comme la tierce majeure naturelle ou la tierce mineure naturelle fournissent des battements lents qui font de ces intervalles des accords peu harmonieux, d’une dureté pesante et d’un effet pâteux.


41. Battements des harmoniques de deux sons musicaux. — Si la dissonance est due à l’existence de battements nombreux, produits par des sons agissant simultanément sur les mêmes résonateurs auriculaires, il va de soi que deux sons simples faisant un intervalle suffisant ne peuvent pas donner d’accords dissonants, non pas seulement parce que les battements sont trop nombreux, mais surtout parce que