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Page:Bouasse - Bases physiques de la musique.djvu/89

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CHAPITRE VI.

B. 1o Partons du mi ainsi obtenu ; montons de 4 quintes q2 et descendons de deux octaves ; nous arrivons à un son que nous pouvons appeler sol♯. 2o Partons de l’ut ; descendons de 4 quintes et montons de 3 octaves ; nous parvenons à un son que nous pouvons appeler la♭. (Voir le tableau du § 48). Écrivons que ces deux sons coïncident


D’où La quinte est à peu près rigoureusement égale à la quinte naturelle. La note x ainsi obtenue est sol = la♭ d’après la notation du § 30.

On obtient ainsi le système de 12 sons dont voici les intervalles en savarts :

ut. ut♯. ré. ré♯. mi. fa. fa♯. sol. sol♯. la. la♯. si.
0 23 49 74 97 125 148 175 199 223 250 273
23 26 25 23 28 23 27 24 24 27 23 28

Tel est le tempérament préconisé jusqu’au milieu du xviiie siècle.

Les intervalles n’étant pas strictement égaux, un changement de ton est un véritable changement de mode. Certains tons, celui d’ut majeur en particulier, se rapprochent beaucoup de la gamme naturelle ; certains autres (le ton de mi majeur par exemple) s’en, éloignent par une tierce qui peut atteindre 102.

Quelques lignes de J.-J. Rousseau précisent l’importance qu’il y a 150 ans on attachait à ces questions. « La tierce majeure, qui nous excite naturellement à la joie, nous imprime jusqu’à des idées de fureur, quand elle est trop forte ; et la tierce mineure, qui nous porte à la tendresse et à la douceur, nous attriste lorsqu’elle est trop faible. »

Avec un instrument accordé suivant un tempérament inégal, on possédait donc tout un arsenal de modes différents, richesse que prisaient fort des musiciens attachant aux intervalles pris en eux-mêmes, l’importance dont la citation précédente fournit une idée.

Bien entendu, le tempérament précédent n’est pas le seul