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observe avec la loupe ; corrélativement, on modifie la distance des objets dont les images sont le plus nettes. Amener dans le plan P les images de certains objets, c’est mettre au point sur ces objets.

Le plan P qu’on regarde, est ordinairement repéré par des fils qui forment le réticule. Je renvoie à mon Cours sur la Construction pour tout ce qui touche la disposition et l’obtention des réticules.

On comprend immédiatement que le même rapport de grandeur existant entre les dimensions des images dans le plan P, et celles des objets dans le plan conjugué par rapport à l’objectif, la comparaison des images permet la comparaison des objets. Tel est le principe de l’emploi métrique des viseurs. Par exemple, supposons que le plan P contienne une série de traits parallèles équidistants ; si les images de deux objets situés à la même distance du viseur recouvrent l’une 3 intervalles, l’autre 5, nous concluons que les dimensions correspondantes de ces objets sont dans le rapport de 3 à 5.

Au § 10 nous avons utilisé cette propriété du viseur.

87. Lunette astronomique.

1o. — La lunette astronomique est un viseur qui regarde à l’infini. Elle sert à déterminer les directions : c’est un collimateur retourné.

On appelle axe optique d’une lunette astronomique la droite qui joint le centre optique de l’objectif à un certain point du plan focal principal, généralement repéré par la croisée de deux fils d’araignée rectangulaires (réticulé).

On s’efforce de faire coïncider l’axe optique de la lunette et l’axe optique de l’objectif ; mais on n’y arrive jamais exactement, parce qu’on ne possède aucun moyen précis de vérifier qu’il en est ainsi. Corrélativement, il importe peu que la coïncidence soit absolue, les points du plan focal principal voisins de la trace de l’axe optique de l’objectif jouissant à très peu près des mêmes propriétés que la trace.

La lunette astronomique définit donc la direction qui passe par le centre optique de l’objectif et par la croisée des fils du réticule. L’angle de deux directions (celles de deux étoiles pour préciser) est l’angle dont il faut faire tourner la lunette pour amener successivement les images des étoiles sur la croisée des fils du réticule.

2o. — C’est à l’abbé Picard (Mesure de la Terre, 1669) qu’on doit la substitution des lunettes astronomiques (pinnules télescopiques) aux anciennes alidades à pinnules qui fixaient la direction des astres par l’alignement d’un trou (œilleton) et d’une croisée de fil (ou d’une fente et d’un fil). Avant ce grand astronome, on visait les astres à peu près comme on vise avec un fusil. Il rendit à l’Astronomie un service éminent, qui fut bientôt complété par Auzout construisant le micromètre.

Ces inventions furent immédiatement acceptées, malgré certains scrupules qui nous paraissent aujourd’hui bien étranges. Pour fixer une droite, il faut deux points : dans la lunette on a bien