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On trace un trait noir fin sur un papier blanc bien éclairé ; on le regarde, en s’accommodant exactement dessus, à travers un écran placé contre l’œil et percé de deux ou plusieurs trous très fins et très rapprochés. Pour correcte que soit l’accommodation, on voit généralement plusieurs images distinctes. C’est l’expérience de Scheiner, mais, au lieu de rendre systématiquement l’accommodation mauvaise, on cherche à la faire la meilleure possible.

Conclusion : les rayons émis par un point ne forment pas une image stigmatique.

Suivant les yeux, l’aberration est d’un sens ou de l’autre : les rayons marginaux se croisent plus près ou plus loin de la cornée que les rayons centraux.

Si nous supprimons l’écran, les diverses images coexistent : autrement dit, l’image d’un point n’est plus un point : c’est un petit cercle dont le diamètre est plus ou moins grand suivant la perfection des yeux.

Helmholtz estime vain de calculer les phénomènes au moyen des formules des dioptres sphériques, tant parfois ils sont compliqués. Parfois même ils sont discontinus ; on doit alors les attribuer à des irrégularités locales du cristallin ou de la cornée.

3o. — Irradiation.

Le phénomène principal qui résulte du remplacement des images ponctuelles par des cercles de diffusion est l’irradiation.

Je l’étudie longuement dans mon Cours sur la Vision et la Reproduction des formes et des couleurs.

En vertu de l’irradiation, l’image d’une plage lumineuse sur fond noir déborde sur le fond ; elle est comme entourée d’une marge d’éclat rapidement décroissant. Le phénomène s’explique immédiatement en admettant que l’image d’un point est un cercle dont l’éclairage diminue du centre à la périphérie, où il s’annule. Comme un éclairement ne devient sensible que s’il dépasse une certaine limite, on explique aisément que le phénomène ne soit net que pour des surfaces fortement éclairées. Quel que soit le diamètre pupillaire, l’irradiation s’annule pour de faibles éclairements.

Pour la vision des objets noirs sur fond blanc, je renvoie le lecteur à mon Cours sur la Vision

186. Méthode de Cuignet (skiascopie).

1o. — La méthode de Cuignet pour la détermination objective du plan sur lequel s’accommode actuellement un œil Ω, est basée sur la remarque suivante (fig. 216).

Soient P et P′ deux plans conjugués par rapport à une lentille Ω. Quand un objet Α se meut dans le plan P, son image Α′ se meut en sens inverse dans le plan P′.

Plaçons notre œil (œil de l’observateur) quelque part au voisinage de l’axe de la lentille ; accommodons sur la lentille ; déplaçons le point lumineux Α dans le sens de la flèche.