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10. Remarques sur les images virtuelles. Accommodation.

1o. — Ce serait une erreur grossière de considérer les images virtuelles comme des choses imaginaires qu’il est permis de placer n’importe où. Les faisceaux de rayons qui pénètrent dans l’œil et qui déterminent la sensation, sont exactement dans les mêmes conditions qu’ils proviennent d’une image virtuelle ou d’un objet réel. Pour voir l’image virtuelle distinctement, nous devons accommoder pour une distance parfaitement déterminée, c’est-à-dire modifier instinctivement notre œil de manière qu’il donne une image nette sur la rétine. Nous savons tous qu’on ne voit pas simultanément avec netteté des objets placés à des distances différentes : si nous regardons dans la rue à travers un rideau de mousseline, nous voyons mal les fils du rideau ; si nous accommodons sur les fils, les passants sont flous.

L’œil joue donc à chaque instant le rôle de viseur dans l’expérience fondamentale ; mais il le joue sans que nous en ayons conscience : le mécanisme d’accommodation est trop prompt, nous mesurons trop mal l’effort musculaire qu’il rend nécessaire. Si encore nous percevons assez bien les variations de l’accommodation, nous n’avons qu’une connaissance très vague de sa valeur absolue à chaque instant.

Toutefois, il faut retenir de ce qui précède que regarder un point, c’est précisément opérer avec l’œil comme nous opérons ci-dessus avec le viseur ; c’est amener l’image de ce point en un lieu déterminé de la rétine (fovea) ; c’est déformer le cristallin de manière que l’image soit nette. Dans l’expérience de chaque instant, au lieu de déplacer le viseur supposé invariable de forme, nous modifions ses propriétés : quand nous connaîtrons la théorie des lentilles, nous verrons qu’on pourrait aussi bien arriver aux déterminations précédentes en modifiant le viseur sans le changer de place.

Le lecteur touche du doigt l’incommensurable sottise des braves gens qui suppriment l’œil des programmes : nous ne pouvons pas écrire 10 pages d’Optique sans le rencontrer, ce qui est évidemment tout naturel.

2o. — L’image virtuelle d’un objet est l’ensemble des images virtuelles de ses points ; elle a donc une grandeur parfaitement déterminée que le viseur permet de mesurer, sans qu’il soit nécessaire de faire intervenir aucune propriété connue a priori : nous nous appuyons sur la seule proposition que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Pour faire l’expérience, on remplace la croisée des fils réticulaires par une plaque de verre ou de celluloïd sur laquelle on trace des traits équidistants.

On étalonne l’appareil avec un objet lumineux de grandeur connue (une échelle transparente éclairée par derrière) ; on mesure la grandeur de l’image quand elle est nette. Il est clair qu’une image