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PENDULE, SPIRAL, DIAPASON

Un cas plus complexe est fourni par les échappements à recul : le rouage avance d’une certaine quantité, puis recule d’une quantité moindre.

Enfin, dans certains cas le rouage recule d’une petite quantité (dégagement), avance (impulsion), puis s’arrête (repos). Ces trois temps constituent la période du phénomène dont la longueur est égale à la demi-période du mouvement du régulateur (battement).

2oLes échappements se comptent par centaines[1] ; on en invente tous les jours de nouveaux. Il est clair qu’ils ne diffèrent que par des détails insignifiants de ceux que l’on connaît depuis longtemps. Pour amuser le lecteur j’en décrirai trois douzaines ; mais il n’oubliera pas qu’aujourd’hui ceux qui servent dans l’industrie courante, se réduisent à trois ou quatre.

Pour les horloges on utilise l’échappement de Graham, à repos si le pendule est long et l’ampjitude petite (horloges de précision) ; à recul si le pendule est court et l’amplitude grande (pendules d’appartement). On utilise aussi l’échappement à cheville. Pour les pendules de haute précision, on emploie l’échappement à force constante.

Pour les montres et chronomètres, après avoir beaucoup vanté l’échappement à cylindre et l’échappement à détente et à coup perdu, on finit par ne plus employer que l’échappement libre à ancre.

La lecture de la Revue Chronométrique (si intéressante jusqu’en 1900, si pauvre depuis) est à ce propos d’une cruelle ironie.

C’est merveille de voir, suivant les dates, déclarer tel ou tel échappement évidemment supérieur à tous les autres, alors que précisément on s’apprête à l’enterrer. Le fait prouve que la valeur a priori d’un mécanisme est toujours subordonnée à des circonstances accessoires que seule la pratique décèle. Le raisonnement n’est pas faux ; il est incomplet. Une théorie incomplète prouve clair comme le jour que l’échappement à détente est supérieur à l’échappement libre à ancre. Elle oublie seulement que le premier est susceptible d’arrêts et de sauts : à cela près elle est irréfutable.

Une théorie incomplète prouve que le tourbillon (§ 72) est une invention géniale. Malheureusement c’est une telle complication qu’il est absolument oublié : on annonçait il y a quelques années la mort du dernier horloger capable de le fabriquer.

Les échappements aujourd’hui les seuls utilisés industriellement, sont connus, le premier depuis deux cents ans, le dernier depuis cent ans. Ainsi depuis cent ans on n’a rien découvert comme échappement qui puisse rivaliser avec ce qu’on avait : il est donc peu probable qu’une invention nouvelle révolutionne la question.

J’insiste là-dessus parce qu’on est tenté de croire que tout date d’hier

  1. Le lecteur lira avec plaisir l’intéressant petit livre de Charles Cros : Échappements d’horloges et de montres.