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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/100

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la forêt, l’on vit une file de jeunes sauvages, suivis de plusieurs femmes portant chacune un lourd fardeau, pénétrer dans le village et se diriger vers un vaste espace au centre de la bourgade.

C’étaient les chasseurs de la tribu revenant de la forêt, et les femmes rapportant le gibier laissé dans les canots par les guerriers à leur arrivée. Ces gibiers comprenaient, outre ce qui restait de l’orignal tué par Roger, trois chevreuils, un ours et nombre de lièvres et de perdrix.

D’autres femmes avaient allumé de grands feux, et quand les provisions arrivèrent, les chaudières étaient prêtes pour les recevoir.

Les sauvages de cette époque n’avaient qu’une manière de préparer leurs viandes. Cette préparation consistait à faire rôtir les animaux entiers devant de grands feux, puis, après les avoir découpés en morceaux, à les faire bouillir dans de grandes chaudières, où tout le monde venait se servir, chacun selon son goût.

Quand la nuit fut tout à fait venue, le festin commença. Puis quand tout le monde se fut rassasié, l’on alluma les calumets et chacun se mit à raconter les prouesses qu’il avait accomplies au cours du voyage ; en attendant que le chef fit officiellement part au conseil des anciens des résultats de l’expédition.

Mais tout a une fin en ce monde, même les festins des sauvages. Il vint un temps où tous les convives eurent assez mangé, assez fumé, assez raconté ou écouté, selon le cas. Alors chacun réintégra sa cabane, puis la paix et le silence régnèrent sur le village.