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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/102

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ble et supportés par une charpente de bois rond. L’intérieur paraissait vaste, la toiture n’étant supportée que par un seul pilier placé au milieu. À côté de ce pilier, fait d’un seul tronc d’orme, un brasier ardent lançait sa flamme jusqu’au toit, à travers lequel la fumée s’échappait par une large ouverture pratiquée à cet effet. Le parquet, de terre battue, était couvert de peaux de bêtes et de nattes de joncs tressés.

Cette cabane servait de lieu de réunion au conseil de la tribu.

À mesure qu’un des anciens arrivait — ceux que nous avons vus se diriger vers la cabane du conseil étaient les anciens de la tribu à qui Acaki allait rendre compte de son expédition contre les Maléchites — il prenait place sur une des nattes, sur laquelle il s’asseyait les jambes croisées sous lui à la manière des Turcs, puis il attendait patiemment que le conseil s’ouvrit.

Tout se faisait dans le plus grand silence. Ce silence s’étendait à tout le village où même les enfants évitaient de crier dans leurs jeux.

Il y avait une quinzaine d’anciens réunis dans la cabane du conseil quand Acaki arriva. Comme les autres il entra et s’assit en silence.

Le chef avait toujours son maintien noble et imposant. En outre de la culotte qu’il portait en été, il avait, maintenant que l’hiver était arrivé, une paire de mitasses faites de peau d’orignal, dont les coutures extérieures étaient garnies de tavelles multicolores. Ces mitasses retombaient sur des mocassins de peau de caribou, brodés de rasades de grains de porcelaine. Une peau d’ours, au poil long et fort, couvrait ses épaules et lui retombait jusqu’aux genoux. Cette