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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/104

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due distinctement de toutes les parties de la cabane, qu’il leur fit le discours suivant :

« La dernière fois que les Anciens s’assemblèrent dans cette cabane de conseil, c’était pour appeler la protection des Esprits sur les guerriers de la tribu, qui se mettaient alors en route pour une longue et dangereuse expédition.

« Quand, commandés par votre indigne frère — en disant ces mots Acaki s’inclina légèrement — vos guerriers se mirent en route, le maïs des champs était encore vert. Ils ne sont revenus que juste avant la neige.

Ici, Acaki fit le récit de l’expédition contre les Maléchites, récit que nous omettons car il n’a aucun rapport avec ce livre, puis, quand il eut tout narré jusque dans les moindres détails, il continua :

« À notre retour, vous avez, avec douleur, constaté que plusieurs de vos enfants n’étaient pas revenus. Tous ensemble, nous les avons pleurés !… Nos cœurs saignent encore d’être séparés de leurs cœurs !…

« Mais consolez-vous ! — ici, sa voix, qui avait pris des accents de tristesse laissant deviner des sanglots pendant qu’il parlait des guerriers péris au cours de l’expédition, devint sonore et sa tête se releva avec fierté — Consolez-vous ! Anciens de la tribu du Castor ! Pour chacun de vos fils restés le long de la route ou sur le terrain de l’ennemi, dix chevelures pendent maintenant dans cette cabane de conseil. Et d’un large geste de la main, il indiquait les nombreuses chevelures dont les murs de la cabane étaient ornés.