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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/105

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À ces paroles et à ce geste, plusieurs têtes s’inclinèrent en signe d’approbation. Acaki continua :

« Quand nos frères disparus arriveront dans le pays de chasse d’où l’on ne revient pas, ils seront accompagnés de tant d’esclaves, que chacun d’eux en aura un pour graisser ses mocassins, un pour porter son arc, un pour porter ses flèches, un pour porter son tomahawk, un pour porter son gibier, un pour le faire cuire et plusieurs autres dont il ne saura que faire.

À chaque fonction d’esclave qu’il énumérait, Acaki touchait un de ses doigts, et toutes les têtes s’inclinaient en signe d’approbation. Quand il s’arrêta pour reprendre haleine, plusieurs grognements étouffés se firent entendre ; ce qui était la plus grande marque d’approbation que ces sauvages se permissent à l’adresse de leurs orateurs.

Acaki reprit :

« Avant que les dernières neiges ne fussent venues recouvrir le sol, Ononthio nous appela dans son grand village de Québec et nous dit : « Mes enfants, la hache de guerre est enterrée. Elle est enterrée si profondément, qu’aucun de vous ne sera plus jamais capable de la déterrer. » Ononthio s’est trompé ! Il n’est pas capable d’enterrer la hache de guerre si profondément que personne ne puisse la déterrer. Nous ne sommes pas les esclaves d’Ononthio ! Nous habitions ce pays avant lui, et quand nous voulons nous engager dans le sentier de la guerre, nous n’avons pas besoin de la permission des Blancs pour nous mettre en route.

« Les Maléchites sont des chiens !… — ici, sa voix devint sifflante —. Ils avaient tué vos fils, il était juste que nous tuions les leurs !… Vos guerriers