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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/106

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sont allés dans le pays des Maléchites, ils ont tué leurs femmes et leurs fils, ils ont brûlé leurs cabanes et leur maïs !… Maintenant ils sont revenus !… J’ai dit !

Et Acaki se rassit en s’enveloppant majestueusement dans sa peau d’ours.

Un silence qui ne dura pas moins d’une dizaine de minutes suivit le discours du chef. Ses auditeurs méditaient les paroles qu’ils venaient d’entendre.

À la fin, un de ceux qui paraissaient être les plus âgés parmi les assistants se leva et parla en ces termes :

« Mes frères, Acaki s’est conduit comme un brave guerrier et a parlé comme un digne chef de tribu. Nous n’attendions pas moins de lui. S’il avait pu en être autrement, il ne serait pas chef de la tribu du Castor, de la grande nation algonquine… Avec lui et toute la tribu, je pleure nos enfants disparus !… Avec lui et toute la tribu, je me réjouis de la manière que leur mort a été vengée ! Je me réjouis, aussi, de la manière que nos ennemis ont été humiliés !… Acaki a raison : Les Maléchites sont des chiens, des fils de chiens !

Ici, le vieillard fut quelques temps silencieux, puis il reprit :

« Les anciens de la tribu doivent avoir remarqué, comme je l’ai remarqué moi-même, que, depuis le retour de nos guerriers, un jeune guerrier blanc, arrivé en même temps qu’eux, habite notre village. Je m’attendais qu’Acaki allait nous dire qui il est, d’où il vient et ce qu’il vient faire au pays des Algonquins ?… J’ai dit !

Et le vieil orateur se rassit, aussi solennellement, aussi majestueusement que l’avait fait Acaki.