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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/109

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la femme d’un guerrier qui n’était pas revenu de la dernière expédition. Le jeune Canadien entrait donc de plein pied, et avec plaisir, dans son rôle de Wabonimiki — Tonnerre-Blanc — guerrier de la tribu du Castor, de la nation algonquine.

Pendant tout l’hiver qui suivit son adoption, Roger ne fit que chasser, soit seul, soit en compagnie des Algonquins. La femme qu’on lui avait donnée préparait ses aliments, passait les peaux des bêtes qu’il tuait et, avec les peaux ainsi passées, elle lui confectionnait des vêtements qu’elle entretenait en les enduisant, de temps en temps, de graisse d’ours.

Un jour, vers le milieu de l’hiver, le jeune homme partit, en compagnie d’une vingtaine de chasseurs de la tribu, pour une chasse aux ours, telle que la font les sauvages.

Tout le monde sait que l’ours passe l’hiver enfoui dans quelque trou, soit sous les racines d’un gros arbre, soit dans la fente d’un rocher, même quelquefois sous un amas de broussailles ou sous un arbre renversé. Il se tapit là quand la neige et le froid commencent, et il y passe l’hiver dans une immobilité si complète, dans une si grande torpeur, qu’il en sort au printemps, bien qu’il n’ait pas mangé de l’hiver, aussi gras qu’il y était entré à l’automne. Cette chasse à l’ours était donc plutôt une boucherie qu’une chasse proprement dite, car il ne s’agissait, en somme, que de découvrir la bête et de l’assommer dans sa retraite, sans même lui donner la chance d’en sortir.

La bande que Roger accompagna dans cette expédition de chasse revint au bout d’une dizaine de jours, rapportant une vingtaine d’ours qu’ils