Aller au contenu

Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 110 —

avaient ainsi assassinés dans leurs asiles. Et ce fut à cette occasion que Roger eut à passer par la cérémonie la plus dégoûtante de son initiation à la vie des sauvages.

Dans le cas d’une chasse à l’ours, il était d’usage que les chasseurs, une fois revenus, mangeassent à eux seuls et dans un seul repas, et cela au cours du festin donné pour célébrer leur retour, le plus gros des ours qu’ils avaient tués. Ils devaient en outre, afin de devenir aussi courageux que l’animal qu’ils étaient censés avoir combattu, manger chacun une lisière de sa peau de la largeur de deux doigts et longue comme le bras. Il leur fallait aussi, probablement pour leur aider à avaler la lisière de peau, boire une certaine quantité de graisse d’ours à l’état liquide.

Roger assista au festin et, comme un brave, il mangea sa part de l’ours et avala sa lisière de peau en buvant la quantité réglementaire de graisse. Mais il fut malade plusieurs jours suivant la fête, et il se promit que la prochaine fois que la tribu organiserait une chasse aux ours, il serait occupé ailleurs.

XVI

UNE BATAILLE

Les sauvages chassant, mangeant et dormant, cette dernière occupation prenant les deux tiers de leurs jours, l’hiver suivit le cours ordinaire des hivers canadiens et se passa tant bien que mal dans la bourgade algonquine. Le printemps venu, Acaki, qui n’oubliait pas sa rancune contre les Blancs, profitant du prestige que lui avait donné l’expédition de l’été