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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/111

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précédent contre les Maléchites, assembla le conseil des anciens et fit décider une autre expédition de guerre, contre les Français et les Hurons cette fois.

Dans un long discours, dont nous ferons grâce au lecteur, nous contentant d’en donner la substance, il expliqua aux anciens que les Blancs avaient toujours trompé les sauvages ; qu’ils avaient toujours cherché à les déposséder de leurs terres et à les refouler toujours plus loin de la Grande-Rivière, le long de laquelle étaient bâtis les villages de leurs pères.

Il leur fit de plus comprendre que, bien que les Blancs en voulussent beaucoup aux terres des sauvages, ce qu’ils convoitaient surtout étaient leurs pelleteries. Que le jour où ils ne pourraient plus se procurer de pelleteries en quantités suffisantes, ils abandonneraient bien vite le pays et s’en retourneraient par delà les Grandes Eaux, d’où ils étaient venus. Que le meilleur moyen de les priver de pelleteries consistait à rendre les voies de communications entre les diverses parties du pays si peu sûres, si dangereuses, que les tribus sauvages qui s’étaient laissé dominer par les Blancs n’oseraient plus s’éloigner de leurs bourgades pour venir apporter à leurs maîtres le produit de leurs chasses.

Le hargneux Algonquin proposait donc, pour en arriver à ce résultat, que l’on réunisse la plus forte bande de guerriers que l’on pourrait trouver ; que cette bande aille se poster à la jonction du Saint-Laurent et de l’Outaouais et que, une fois là, elle attaque tout ce qui se présenterait, blanc ou sauvage.

Les anciens approuvèrent le plan du chef en entier et lui confièrent, comme l’année précédente le commandement de l’expédition.