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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/112

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C’est ainsi que, dans la dernière semaine de mai, une troupe d’une couple de cents Algonquins de la tribu du Castor, commandés par Acaki ayant à ses côtés Roger Chabroud, que les Algonquins appelaient Wabonimiki, se mettait en route.

Le village qu’ils quittaient étant situé à quelques centaines de pas du confluent des rivières Mattawin et Saint-Maurice, les Algonquins remontèrent la première de ces deux rivières jusqu’à sa source, puis, par une suite de portages, ils vinrent lancer leurs canots dans un petit lac dont les eaux s’écoulaient dans la rivière Rouge. Ils descendirent le cours de cette rivière jusqu’à son confluent avec l’Outaouais puis, suivant cette dernière rivière, ils venaient, dans la première semaine de juillet, aborder à l’extrémité supérieure de l’île de Montréal. Comme on le voit, ils avaient pris leur temps. Ils avaient fait le trajet en chassant, en pêchant et en faisant bombance.

Deux jours après leur arrivée, une dizaine de guerriers que le chef avait envoyés en reconnaissance, revinrent au camp et rapportèrent qu’ils avaient aperçu un grand nombre de canots qui descendaient le fleuve, et qui paraissaient se diriger vers le lieu de leur campement. Au dire des éclaireurs, ces canots étaient lourdement chargés, probablement de pelleteries, et devaient être en route pour Montréal, où ils feraient la traite ; c’est-à-dire qu’ils échangeraient leur fourrures pour des haches, des couteaux et différents autres objets, mais surtout pour de l’eau-de-feu. Quand les éclaireurs les avaient aperçus, ils étaient à une journée de marche de l’endroit où étaient campés les Algonquins.