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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/113

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Acaki renvoya ses hommes, en leur donnant pour mission d’épier la flottille qui s’avançait, de s’en approcher d’assez près pour identifier ceux qui la montaient, et de le tenir au courant de leurs mouvements. Puis il s’occupa de placer son monde en vue de la bataille qui s’annonçait prochaine.

Un peu au-dessous de l’endroit où les Algonquins avaient atterri, une petite anse, bordée de sable fin et de gravier, invitait au débarquement les voyageurs passant par là. Acaki ne doutait pas un instant que ceux qu’il attendait en les faisant guetter s’arrêteraient là, soit pour se reposer, soit pour faire leurs préparatifs d’arrivée à Lachine qui, à cette époque, était l’endroit où les sauvages des pays d’en haut, comme on appelait toute la région des grands lacs, arrivant pour traiter leurs pelleteries, rencontraient d’ordinaire les premiers Blancs.

Le chef algonquin divisa donc sa troupe en trois bandes, qu’il plaça, l’une au fond de l’anse, les deux autres de chaque côté, avec instruction d’attaquer la flottille, si elle s’arrêtait en cet endroit, de trois points à la fois et au moment de la confusion causée par le débarquement.

La journée s’acheva sans incident. Mais, au cours de la nuit, les éclaireurs rentrèrent au camp les uns après les autres et apprirent au chef que la flottille qu’ils guettaient était conduite par des Hurons de la baie Géorgienne, au nombre d’une couple de cents ; que les canots étaient lourdement chargés de pelleteries ; et enfin, qu’ils étaient campés pour la nuit de l’autre côté du lac Saint-Louis, au pied du rapide par où il reçoit les eaux du Saint-Laurent.