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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/114

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Il n’y avait donc qu’à attendre, ce que les Algonquins firent comme savent le faire les sauvages : sans que le moindre mouvement, sans que le moindre bruit décelât leur présence en cet endroit. Acaki profita des quelques heures de répit que cette attente lui procurait pour s’approcher de Roger et converser avec lui. Le chef craignait que le jeune homme n’éprouvât quelque répugnance à combattre les Hurons, alliés des Français, et il voulait lui faire croire que ceux qu’ils étaient sur le point d’attaquer étaient des Iroquois, ennemis communs des Français et des Algonquins. Il n’eut pas de peine à convaincre son jeune ami, et à s’assurer qu’il combattrait contre n’importe quels adversaires qui se présenteraient, pourvu que ce ne fût pas des Français. Puis, faisant le tour de ses trois bandes et s’assurant que chacun était à son poste, l’Algonquin se remit en observation.

Ce qui précède s’était passé dans les premières heures de la matinée. Vers le milieu du jour, Acaki, caché parmi les hautes branches d’un orme dont la tête arrondie émergeait au-dessus des autres arbres de la forêt environnante, près de l’endroit où est aujourd’hui le hameau de Beaurepaire, vit apparaître, contournant l’île Perrot, une flottille nombreuse de canots, qui s’avançait avec rapidité.

Après avoir suivi tant qu’elle le put le contour de l’île qu’elle longeait, la flottille contourna la petite île Sainte-Geneviève et, rendue vis à vis la petite anse où les Algonquins étaient cachés, elle piqua droit vers la côte nord du lac. Ce que voyant, Acaki se laissa glisser à terre et courut avertir ses hommes de se tenir prêts.