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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/117

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Acaki lui avait confié le commandement de la bande qui devait attaquer les Hurons à la partie inférieure de la baie. Au premier cri de guerre poussé par les Algonquins, Roger s’était élancé et, à la tête de sa bande, il avait culbuté les occupants des canots qui venaient d’atterrir dans cette partie de la baie, en avait tué quelques-uns, blessé plusieurs, et il allait se rendre maître de cette partie du champ de bataille, quand la bande de Hurons qui avaient suivi leur chef et qui comprenait ceux qui étaient armés de fusils, apparut sur la scène.

Quand les Hurons sortirent du bois afin de prendre leurs assaillants par derrière, leur chef vit, du premier coup d’œil, que l’endroit où son intervention était le plus nécessaire était justement cette partie de la mêlée où la bande commandée par Roger était en train de s’emparer des canots de ses gens. Ce fut donc dans cette direction qu’il dirigea son attaque, et ce fut sur Roger et ses Algonquins que tomba la première décharge des fusils des Hurons. Cette bande fut aussi la première à prendre la fuite.

Quand Roger était parti de chez son père, l’automne précédent, il ne s’était muni que de la quantité de poudre qu’un chasseur emporte d’ordinaire pour une journée de chasse. Cette provision était épuisée depuis longtemps et, depuis qu’il n’avait plus de munitions, son fusil lui était inutile. Il l’avait cependant emporté avec lui, en prévision du cas où il pourrait se procurer de la poudre. Mais cette occasion ne s’étant pas encore présentée, Roger avait laissé son fusil caché avec les canots de l’expédition, et il se battait au tomahawk, comme les Algonquins.