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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/118

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Le jeune homme ne put donc riposter à la fusillade des Hurons, et il se vit tout à coup seul, abandonné de ses guerriers et avec une balle dans la cuisse. La balle, cependant, n’avait fait que traverser les chairs, sans atteindre les os, et bien que la douleur qu’elle lui causait fut très vive, elle lui laissait l’usage de sa jambe.

Il prit donc la fuite, à son tour, et s’enfonça dans le bois, dans la direction de Lachine.

Disons de suite, pour en avoir fini avec eux, que, au cours de cette bataille, une trentaine d’Algonquins furent tués, pendant qu’un plus grand nombre encore étaient blessés ; que les autres, après s’être dispersés dans les bois environnants, se réunirent le lendemain et reprirent, comme une bande de chiens battus et poursuivis par les Hurons qui leur tuèrent encore plusieurs guerriers avant de les laisser aller en paix, le chemin de leur pays, où ils se tinrent tranquilles pendant le reste de la saison. Acaki lui-même, gravement blessé, ne put regagner Matwedjiwan que grâce à l’aide de quelques fidèles guerriers qui ne l’abandonnèrent pas, mais le portèrent sur leurs épaules presque tout le long du voyage. Assagi par sa défaite, et son prestige considérablement diminué, ce ne fut que deux ans plus tard, après avoir renoué son amitié avec les Français, qu’il put organiser une autre expédition de guerre : contre les Iroquois, cette fois. Ce fut au cours de cette expédition qu’il ramena Ohquouéouée prisonnière à Matwedjiwan.

Mais revenons à Roger. Le jeune homme courait depuis quelques temps déjà, quand un bruit de branche qui se brise lui fit tourner la tête et regarder en arrière. Apercevant une demi-douzaine de Hurons