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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/119

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qui couraient dans sa direction, il redoubla d’efforts ; mais sa blessure le faisait de plus en plus souffrir, il perdait son sang en abondance, et ces deux causes réunies retardaient sa course.

Il suivait une espèce de sentier à peine tracé dans la forêt, et il arrivait à un endroit où deux énormes troncs d’arbres jetés bas par le vent barraient complètement le passage en avant, faisant dévier le sentier à gauche, pour revenir à sa place de l’autre côté de l’obstacle. Ceux qui avaient tracé ce sentier avaient préféré lui faire faire un détour plutôt que d’enlever ces énormes troncs d’arbres.

En apercevant cet obstacle, Roger, comme tout animal poursuivi et qui ne cherche qu’à se cacher, eut l’idée, au lieu de suivre le sentier, de se hisser pardessus les troncs d’arbres et de se cacher derrière. Son espoir était qu’en se soustrayant à la vue des Hurons, ceux-ci continueraient de suivre le sentier, à la poursuite des Algonquins qui le précédaient, sans s’occuper de lui.

Mais il se trompait dans son calcul, les Hurons étant trop rapprochés. Comme le jeune Canadien parvenait à se hisser sur le premier des deux arbres, ce qui n’avait pas été chose facile pour un homme blessé comme il l’était, et qui lui avait pris un certain temps, un colosse huron y sautait, prenant pied à côté de lui, et lui assénait un formidable coup de tomahawk sur la tête. Puis, rebondissant à terre de l’autre côté des deux arbres, le sauvage reprenait sa course à la poursuite des Algonquins, précédé de ses compagnons qui, eux, avaient fait le tour de l’obstacle, et tous ensemble ils disparurent parmi les broussailles qui formaient le sous-bois.