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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/12

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Quelle peut bien être la cause de cet émoi ?… Nous allons bientôt l’apprendre.

II

UNE INDIENNE

À peine le martin-pêcheur avait-il disparu à un tournant de la rivière que, dans cette partie de la berge surplombant l’étroite bande de sable sur laquelle le canot est échoué, les aulnes formant rideau au pied des arbres s’écartèrent lentement et, sans le moindre bruit, sans le plus petit froissement de feuilles, livrèrent passage à une tête couverte de cheveux noirs et luisants comme l’aile du corbeau. Ces cheveux retombaient de chaque côté d’un visage couleur de bronze poli, éclairé par deux yeux aussi noirs que les cheveux et brillants comme des diamants.

Ces yeux, aussitôt qu’ils eurent franchi la ligne du feuillage, promenèrent un regard perçant sur toute l’étendue du rivage, en aval comme en amont et des deux côtés de la rivière. Ils parcoururent même attentivement, de la base au sommet, les deux hautes rangées d’arbres qui bordaient la rive. Ensuite, les aulnes s’entrouvrirent un peu plus, la tête émergea complètement et s’avança, suivie par des épaules et un buste, et une jeune Indienne, se dégageant complètement des broussailles, sauta légèrement sur l’étroite lisière de sable, à deux pas du canot.

Dès que ses pieds eurent touché le sol, elle se remit à examiner toute l’étendue du paysage, pendant que son corps restait figé dans une attitude indiquant