Aller au contenu

Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 13 —

que, tout en regardant, elle écoutait de tout ses oreilles.

Pendant qu’elle est là, immobile et attentive, nous allons, aussi brièvement que possible, essayer de tracer son portrait.

Elle était grande, très grande même, mais si bien proportionnée et d’apparence si souple et si agile, qu’elle ne paraissait pas plus grande que la moyenne.

Nous avons, quand il n’y avait encore que sa tête de visible, constaté que ses cheveux étaient noirs comme l’aile du corbeau, et que ses yeux, noirs aussi, brillaient comme des diamants. Nous savons aussi que son teint a la couleur et presque l’éclat du bronze poli.

L’ovale régulier de son visage, son nez légèrement arqué et sa bouche bien fendue, aux lèvres bien dessinées, s’ouvrant sur des dents petites, blanches et brillantes comme des perles, lui faisaient une tête que tout artiste eût peinte ou sculptée avec plaisir. Son corps souple, aux lignes allongées, lui donnait une apparence de légèreté, d’agilité extrême. Et, chose rare chez les Indiennes qui, d’ordinaire, ont l’apparence de vieilles femmes avant d’avoir atteint l’âge de vingt ans, et bien qu’elle parût en avoir environ dix-sept ou dix-huit, elle avait conservé l’apparence d’une toute jeune fille.

Comme toutes les Indiennes de cette époque, elle était vêtue d’une sorte de tunique sans manche, faite de peau de cerf passée à blanc, qui lui descendait un peu plus bas que les genoux. Cette tunique était taillée dans une seule peau et cousue sur le côté avec de fines lanières du même cuir. Elle se mettait et s’enlevait en la passant par dessus la tête,