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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/121

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Il tâta et reconnut que ce quelque chose de moelleux et d’humide était de la mousse. Cette mousse était à deux ou trois pouces de son visage et juste au dessus.

— Où suis-je donc ? fut la deuxième question qu’il se posa.

Ne pouvant répondre à ses propres questions, il se mit à réfléchir. Peu à peu, la mémoire lui revenant, il se rappela la bataille, sa blessure, sa fuite et sa poursuite par les Hurons.

Il voulut alors lever ses deux bras, mais il ne put remuer que le bras droit, et l’effort qu’il fit pour remuer le bras gauche lui arracha un cri de douleur.

Tâtant de sa main valide, il se mit à explorer son entourage. Il reconnut qu’il était couché sur le dos, dans une espèce de réduit aménagé sous les deux arbres renversés qui lui avaient barré la route, dans sa fuite de la veille. Ce réduit avait dû, autrefois, servir de tanière à un ours.

La première chose à faire était de sortir de là. Roger y parvint, après de nombreux tâtonnements et, surtout, de nombreux gémissements. Le moindre effort, le moindre mouvement lui arrachait des cris de douleur. Enfin, après de longs et pénibles efforts, ayant découvert une ouverture en dessous d’un des arbres, ce qui le délivrait de la nécessité de se hisser par dessus, il réussit à se tirer du réduit où il avait passé la nuit et à se mettre debout, le dos appuyé à un arbre.

Une fois dans cette position, il leva les yeux et aperçut une ligne grisâtre au-dessus des arbres. C’était le jour qui commençait à poindre. Regardant autour de lui, il aperçut, entre les troncs des arbres cette fois