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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/123

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Comme il dépassait la pointe, le plus vieux des deux occupants du canot disait à son compagnon :

— Tu as raison ! Ceux qui se sont battus ici devaient tous être des sauvages, car nous ne voyons que des cadavres de Peaux-Rouges et tous sont scalpés ; preuve que ce sont des sauvages qui ont été vaincus et qu’ils l’ont été par d’autres sauvages.

Le lecteur a sans doute compris que ces deux voyageurs avaient dépassé l’endroit où avait eu lieu le combat de la veille, et qu’ils s’entretenaient de ce qu’ils avaient vu sur la grève.

Comme il achevait de prononcer les paroles que nous venons de rapporter, celui qui parlait aperçut Roger, toujours sans connaissance au bord de l’eau, et ajouta :

— Les vainqueurs ont dû poursuivre les vaincus, car il y a encore un cadavre au fond de cette petite anse, par là… Et du doigt, il indiquait Roger qu’il prenait pour un cadavre et qui, de fait, était bien près d’en être un.

En ce moment, un rayon de soleil vint frapper la chevelure châtain de Roger, et le plus jeune des deux voyageurs s’écria :

— Mais ce n’est pas là le cadavre d’un sauvage !… C’est celui d’un Blanc !

— C’est un Blanc, en effet, répondit son compagnon. Nous ferions bien d’aller lui donner une sépulture chrétienne.

Et, tous deux, ils poussèrent leur canot vers la rive.

Rendus à terre, ils se dirigèrent vers celui qu’ils croyaient mort et le plus vieux des deux voyageurs, prenant la forme qui gisait à terre par les épaules,