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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/125

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rent comme seuls savaient le faire les Canadiens de cette époque.

Toujours exposés à recevoir des coups, et en recevant souvent, les premiers habitants de la colonie, surtout les coureurs de bois, devenaient vite experts dans l’art de panser et de soigner les blessures. Ceux qui venaient de trouver Roger étaient deux de ces coureurs de bois, revenant de porter des dépêches dans le pays d’en haut, et le jeune homme n’aurait pu tomber en de meilleures mains.

Quand ses blessures furent lavées et couvertes de charpie maintenue en place par des bandes de toile, les deux voyageurs couchèrent le blessé au fond du canot, puis ils lui lavèrent le visage avec de l’eau du lac, après quoi ils lui en firent avaler quelques gouttes.

Roger entr’ouvrit les yeux et laissa échapper quelques plaintes étouffées, indiquant par là qu’il avait conscience des bons soins qu’on prenait de lui, mais qu’il était trop faible pour remercier ses bienfaiteurs.

Ce que voyant, le plus âgé de ses sauveurs lui dit :

— Ne te fatigue pas à parler, mon petit. Surtout ne bouge pas et tout va bien aller. Puis, s’adressant à son compagnon, il ajouta :

Nous allons maintenant essayer de le rendre à Lachine, où nous le laisserons sous les soins de maître Boire.

— Vous avez là une fameuse idée, répondit l’autre. Maître Boire a bien assez volé les voyageurs, depuis qu’il tient son auberge, il est juste que, pour une fois, il rende service à l’un d’eux.