Aller au contenu

Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 129 —

— Et tu hésites à en prendre soin ?… reprit la femme en s’adressant à son mari. Un jeune chrétien en danger de mort ?… Je vais le soigner, moi !… Puis, se tournant vers les deux étrangers :

— Emportez-le à la maison ; je cours lui préparer un lit.

Et, sans attendre de réponse, elle partit en courant vers l’auberge.

XVIII

GUÉRISON

Pendant toute la dernière partie de la conversation qui venait d’avoir lieu sur la grève, maître Boire n’avait pas soufflé mot. Mais il avait réfléchi. Son commerce, ou plutôt, les deux branches de son commerce allant toujours en augmentant, il en était arrivé à un point où il avait grand besoin de se faire aider, car, seul avec sa femme, il ne pouvait plus suffire à la besogne. La femme, obligée d’aider son mari à la cuisine, en avait assez des soins du ménage et de la basse-cour. Quant à l’aubergiste, dérangé souvent comme il l’était par ses échanges d’eau-de-vie pour des pelleteries, il ne pouvait servir la pratique comme il aurait voulu qu’elle le fût.

Maître Boire se disait donc qu’il lui faudrait bientôt louer les services de quelqu’un qui verrait à servir les mangeurs et les buveurs. Et ces services devraient être fournis par un homme, car, avec sa clientèle, une femme ne serait pas de mise dans la place.