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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/130

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Poussé par l’intérêt à défaut de charité, il conclut donc qu’en gardant et soignant le jeune homme jusqu’à sa guérison, il aurait une chance de le garder après son rétablissement, comme domestique.

L’aubergiste ne fit donc aucune opposition aux désirs de sa femme. Et quand les voyageurs, obéissant aux instructions que celle-ci leur avait données en partant, arrivèrent à la maison avec le blessé, ils y trouvèrent un lit tout préparé qui l’attendait. Ils y déposèrent leur fardeau, après quoi ils se retirèrent dans la salle commune, pour déguster un verre d’eau-de-vie, de la qualité de laquelle maître Boire paraissait si sûr.

Pendant qu’ils buvaient, servis par l’aubergiste, la femme soignait Roger. Sur ses instructions, un de ses fils, âgé d’une douzaine d’années, avait couru à l’orée du bois afin d’en rapporter de l’écorce de jeune pin blanc, pendant qu’elle-même, munie d’une serviette et d’une cuvette d’eau tiède, se mettait en devoir de déshabiller le blessé et de le laver.

Quand elle eut terminé cette première opération, elle fit bouillir les morceaux d’écorce que son jeune fils lui avait apportés, puis, avec le liquide ainsi obtenu, elle lava les blessures de son protégé, qu’elle recouvrit ensuite d’une sorte de cataplasme fait de ces écorces bouillies. Elle compléta le pansement en enveloppant le tout de bandages bien propres.

Le jeune homme n’avait pu supporter les fatigues de cette longue opération et avait, encore une fois, perdu connaissance. Une friction des mains et quelques gouttes d’eau-de-vie introduites entre ses dents le ranimèrent, mais à ses yeux brillants et à la rougeur qui apparaissait aux pommettes de ses joues,