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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/131

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la femme de l’aubergiste reconnut avec inquiétude que la fièvre allait se déclarer.

En effet, le soir venu, Roger se débattait dans les hallucinations d’une fièvre intense.

Il fut ainsi, entre la vie et la mort, pendant trois longues semaines : jusqu’à ce qu’un bon matin il s’éveilla, n’ayant que le souffle tant il était faible, mais avec sa pleine connaissance et apparemment sauvé. Sa jeunesse et sa forte constitution avaient enfin pris le dessus.

À partir de ce moment, ses blessures commencèrent à se cicatriser. La convalescence fut cependant très longue ; il s’écoula tout un mois avant qu’il put se lever et marcher dans sa chambre. Quand il fut capable de se promener sans aide et de marcher dehors, le mois de septembre touchait à sa fin. Et quand il eut repris assez de forces pour se charger d’un léger travail, l’été était fini ; on était arrivé à la fin d’octobre.

Ce fut alors que, cédant aux instances de maître Boire, qui ne perdait pas de vue le côté pratique de la situation et qui avait trouvé le temps bien long depuis que Roger était malade, il accepta de rester, comme domestique, au service de l’aubergiste.

Avec ses habitudes de vie libre, aussi bien chez son père que dans les bois avec les sauvages, sa nouvelle situation ne souriait guère au jeune Canadien. Mais il se disait qu’il se trouvait chez l’aubergiste depuis bientôt quatre mois, et il se considérait comme très endetté envers lui, tant pour son logement et sa nourriture que pour tous les soins qu’il avait reçus depuis qu’il était là.