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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/133

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de persuasion et en consentant à lui augmenter ses gages, à le réengager pour une autre année.

Cette troisième année se passa sans incidents. Les voyageurs vinrent et repartirent, servis par Roger, dont maître Boire n’avait toujours qu’à se louer.

Vers le mois de juillet, il y avait alors deux ans que Roger était à Lachine, Le Suisse vint passer un mois chez son vieil ami l’aubergiste.

Roger eut alors l’occasion de faire ample connaissance avec son sauveur ; car Le Suisse lui avait bel et bien sauvé la vie. Ils causèrent souvent ensemble et, au cours de ces conversations, Le Suisse fit part au jeune homme, qu’il avait pris en grande amitié, de son genre de commerce, et il lui offrit de l’accompagner dans sa prochaine expédition.

Roger eût accepté avec plaisir, car ces sortes de voyages étaient justement dans ses goûts. Mais il venait de se réengager à maître Boire pour une autre année, et il ne pouvait manquer ainsi à la parole donnée. La partie fut donc, de consentement mutuel, remise à l’année suivante.

Roger termina ponctuellement sa troisième année d’engagement au service de l’aubergiste. Au commencement de juillet de l’année où cet engagement se termina, il y avait alors exactement trois ans qu’il était arrivé, presque mort, à Lachine, et près de deux ans que sa dette était payée, Le Suisse arriva à l’auberge et lui renouvela son offre de l’accompagner dans un de ses voyages annuels au pays des noisettes, ou, comme il le disait lui-même, « À la chasse aux noix. »

Le jeune homme accepta d’emblée. Depuis deux ans que sa dette envers maître Boire était acquittée,