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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/135

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Leur intimité avait dû s’accroître pendant les deux heures qu’ils avaient passées en tête-à-tête auprès de la source car, alors qu’à l’aller, le jeune homme marchait en avant et n’attendait la jeune fille qu’aux passages difficiles, afin de lui aider à les franchir, au retour ils marchèrent côte à côte. Quand ils rencontraient un ruisseau, un fourré ou tout autre passage difficile où Roger croyait devoir aider Ohquouéouée, il ne se contentait pas d’écarter les branches et de lui indiquer où mettre le pied comme en venant, mais il la soutenait et la portait presque à travers l’obstacle. Et si, à d’autres endroits moins difficiles, il suffisait qu’il prit son bras, il continuait de le retenir longtemps après que l’obstacle eut été franchi ; pendant que l’Indienne, de son côté, ne faisait pas le moindre effort pour se dégager.

Pendant qu’à l’aller, le voyage s’était fait presqu’en silence, au retour, la conversation ne faiblit pas un seul instant. Ils étaient si intéressés l’un et l’autre que, quoiqu’ils n’eussent pris qu’une petite heure pour aller, il leur fallut plus d’une heure et demie pour revenir, et qu’ils trouvèrent Le Suisse d’assez mauvaise humeur.

— Que faites-vous donc ?… leur cria-t-il d’aussi loin qu’il les aperçut. Il y a près de quatre heures que vous êtes partis pour faire un voyage de deux heures ou deux heures et demie au plus ! Midi est passé depuis plus d’une heure, et le dîner est en train de se gaspiller en vous attendant !

En effet, devant un feu de braise établi dans une excavation de la berge servant de cheminée, enfilés par les ouvertures branchiales dans une branche verte, une demi-douzaine de beaux poissons, rôtis qu’ils