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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/136

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en étaient dorés, attendaient les dîneurs. Devant le même feu, mais sur une autre branche, cuisait aussi une espèce de galette, faite de farine de sarrasin pétrie avec de l’eau que Le Suisse avait rapportée de la source le matin. Cette galette était destinée à remplacer le pain.

Les deux compagnons, imités par l’Indienne qui ne quittait pas Roger d’une semelle, s’assirent près du feu et se mirent à manger avec entrain.

Pendant tout le temps que dura le repas, si l’on excepte quelques phrases brèves échangées entre les deux hommes, la conversation fut presque nulle. Le Suisse se contentant de s’informer de ce qui avait retardé les deux jeunes gens dans leur promenade, Roger expliquant qu’ils s’étaient amusés à causer. Explication qui fit sourire Le Suisse et lui fit faire, sur un ton badin, la remarque qu’il aurait dû s’attendre à cela, en laissant l’Indienne accompagner Roger.

Le repas achevé, Roger, continuant la conversation souvent interrompue, dit à son compagnon :

— Ohqououéouée dit qu’il y a une autre source, semblable à celle que nous venons de visiter, de l’autre côté du lac Saint-Pierre et le long de la rivière Saint-François. Comme cela se trouve sur notre chemin, nous pourrions peut-être y traverser cet après-midi ?… De cette manière, Ohquouéouée se trouverait rendue sur la rive sud du Saint-Laurent, qu’elle cherche à atteindre depuis deux longs mois, et quant à vous, vous pourriez continuer votre cure à cette autre source, dont l’eau, au dire de la jeune fille, est en tous points semblable à celle de ce côté-ci du fleuve.