Aller au contenu

Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 137 —

Pendant que Roger parlait, le visage de Le Suisse avait graduellement assumé une expression de douce raillerie. Quand Roger se tut, il dit en souriant :

— Je croyais que cette sauvagesse t’intéressait beaucoup plus que cela !… Je n’aurais certainement jamais pensé que tu chercherais à t’en débarrasser si tôt !

— Elle m’intéresse beaucoup, en effet, répondit Roger qui ne put s’empêcher de rougir. C’est pour cette raison que je fais mon possible pour lui aider à accomplir ce qu’elle semble désirer le plus : retourner dans son pays.

Depuis le retour des deux jeunes gens, Ohquouéouée n’avait pas prononcé une parole. Quand les deux hommes parlaient, elle les regardait tout à tour, comme si elle eut compris ce qu’ils disaient, malgré qu’ils s’entretinssent tout le temps en français, seule langue que Le Suisse comprît et parlât couramment.

Quant à Roger, il parlait avec facilité l’algonquin, ayant eu le temps de l’apprendre pendant l’hiver qu’il avait passé dans une bourgade de cette nation. C’est dans cette langue qu’il s’entretenait avec l’Iroquoise, car celle-ci la parlait aussi couramment, l’ayant apprise pendant l’hiver qu’elle avait passé dans la même bourgade que le jeune homme, mais trois ans plus tard.

Quand, le matin, Roger avait aperçu l’Indienne essayant de s’emparer de son canot, il l’avait prise pour une Algonquine et il l’avait apostrophée en algonquin. Ohquouéouée lui avait répondu de même et, depuis, ils continuaient de se parler dans cette langue, bien que Roger sût passablement d’iroquois. Le jeune homme avait appris cette dernière langue au