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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/138

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contact des Hurons, lesquels parlaient à peu près la même langue que les Iroquois et qui, en venant des pays d’en haut traiter avec les Français, ne manquaient jamais d’arrêter à Lachine, à l’aller comme au retour, afin de goûter au fond de commerce de maître Boire.

Le jeune Canadien baragouinait même quelques mots d’anglais, qu’il avait appris en servant, chez l’aubergiste, une couple de négociants d’Albany, qu’une expédition dirigée contre les Agniers avait surpris dans une bourgade de cette nation et avait ramenés prisonniers. S’il se fût agi de pauvres diables, on les eût tout simplement jetés en prison. Mais comme ces marchands de la Nouvelle-York avaient de l’argent à plein goussets, on leur permit de demeurer chez maître Boire, comme pensionnaires, en se contentant de leur faire promettre qu’ils ne chercheraient pas à s’enfuir.

Les exigences de son service mettaient Roger en rapports journaliers avec ces deux Anglais et, d’esprit facile et capable, comme tous les vrais Canadiens, d’apprendre tout et n’importe quoi, il eut vite fait de savoir assez du langage de ces deux étrangers pour pouvoir les comprendre et se faire comprendre d’eux avec facilité.

Notre héros était donc éminemment doué pour faire, plus tard, quand l’âge et l’expérience seraient venus parfaire son éducation, un coureur de bois en état de rendre les plus grands services à sa patrie. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que, pour Roger Chabroud, il n’existait point d’autre patrie que le Canada.