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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/144

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Sans répondre, Roger plongea son aviron dans l’eau. Le Suisse en fit autant, et le canot se mit à voler à la surface du lac. Il faisait encore nuit noire quand ils abordèrent de l’autre côté.

À cette époque de l’année, le jour vient de bonne heure. À trois heures, on commence déjà à distinguer les objets qui nous entourent. Il y avait à peine une demi-heure que nos voyageurs avaient senti le fond de leur canot grincer sur le sable de la rive sud du lac, quand une teinte grise apparut à l’horizon. Dix minutes plus tard, ils y voyaient assez pour se diriger et les deux hommes se remettaient aux avirons.

Après avoir ramé une petite demi-heure et avant qu’il ne fît tout à fait jour, ils apercevaient l’entrée du Saint-François et s’y engageaient, disparaissant entre une double rangée d’arbres. Quand le jour fut complètement venu et que toute l’étendue du lac fut pleinement visible, la surface en était déserte. Les trois voyageurs continuèrent de voguer en remontant le Saint-François jusque vers cinq heures, alors que, sur les indications d’Ohquouéouée, ils atterrirent et, l’Indienne battant la marche, ils s’enfoncèrent dans le bois.

La berge, à l’endroit où ils avaient pris terre, est très élevée. Ils durent gravir une forte côte avant de se trouver au niveau du pays environnant. Parvenus à ce niveau, Ohquouéouée se mit à guider les deux hommes dans la direction du lac Saint-Pierre, d’où ils étaient venus, et en suivant la crête de la côte, ce qui les éloignait insensiblement de la rivière. Au bout d’une vingtaine de minutes de marche, ils arrivèrent à un endroit où la crête qu’ils suivaient, alors distante de quelques centaines de pas de la ri-