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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/146

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source d’un volume si considérable qu’en sortant de terre elle formait un joli ruisseau. Ce ruisseau, après avoir parcouru le reste de la pente, se répandait sur la terre, très loin en descendant et sur une bonne distance en remontant le cours de la rivière, rendant le terrain spongieux et trop détrempé pour supporter le poids d’une personne. N’eut été quelques touffes d’herbe et quelques arbrisseaux croissant çà et là sur les rares buttes de terre émergeant de l’eau, toute cette étendue de terrain, imprégnée comme elle l’était d’eau salée, eût été complètement dépourvue de végétation.

En apercevant la source, Le Suisse se baissa, y plongea ses mains et les releva pleines d’eau qu’il porta à sa bouche. Puis, s’étendant de tout son long sur le sol, il trempa ses lèvres dans l’eau et but à longs traits à même la source.

Il ne s’arrêta qu’à bout d’haleine. Alors, se relevant, il dit, le visage souriant :

— Cette eau a exactement le même goût que celle de la rivière Du-Loup. C’est dommage que nous ne l’ayons pas connue plus tôt, cela nous eût évité un détour de plusieurs lieues que nous avons fait pour trouver l’autre… Il est vrai que cela nous eût aussi fait perdre l’occasion de rendre service à ton amie, la sauvagesse…

Il avait dit ces derniers mots en souriant et en regardant Roger d’un air narquois. Le jeune homme rougit un peu mais ne répondit pas, comme à chaque fois que son compagnon faisait un rapprochement entre lui et l’Indienne.

Pendant que Le Suisse parlait, Ohquouéouée s’était baissée à son tour et, à l’aide de ses mains