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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/15

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que personne ne l’observait, la jeune Indienne s’approcha du canot, qu’elle se mit à examiner minutieusement, dans le but évident de s’assurer qu’il était en état de servir ; elle avait dû l’apercevoir de loin et s’en être approchée avec un but déterminé, car elle agissait maintenant avec rapidité et précision.

Quand elle eut reconnu que le canot était en parfait ordre, elle s’empara des deux avirons qui gisaient sur le sable, en repoussa un à l’extrémité du canot la plus éloignée d’elle et plaça l’autre à portée de sa main pour quand elle serait à flot. Alors, saisissant la proue à deux mains, elle la souleva et elle prenait son élan pour repousser l’embarcation vers le large en sautant à l’intérieur, quand les broussailles entourant les racines entremêlées de l’arbre renversé, cause de l’amoncellement de sable sur lequel se trouvait en ce moment la jeune Indienne, s’écartèrent violemment. Un homme en surgit qui, s’élançant, d’un bond vint retomber à côté de la jeune fille qu’il empoigna par une épaule et, d’une brusque poussée, il la fit pirouetter jusqu’à la berge, où elle s’affaissa dans les broussailles.

Puis, marchant sur elle, l’homme lui dit d’un ton courroucé :

— Qu’as-tu besoin de venir fureter dans mon canot, sauvagesse du diable ?…

III

UN CHASSEUR BLANC

Celui qui venait de se présenter d’une façon si brusque, bien qu’étant de haute taille et de forte