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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/151

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XXI

COMMENT FAIRE CUIRE UNE PERDRIX À L’ÉTOUFFÉ

Le Suisse passa le reste de la matinée près de la source. Ce ne fut qu’en approchant midi qu’il se décida à rejoindre son compagnon. Arrivant à l’endroit où ils avaient atterri, il trouva Roger endormi sur un tertre, à l’ombre des arbres bordant la rive et à deux pas du canot.

— En voilà une manière ! fit-il de sa voix rude, qui fit bondir le jeune homme sur ses pieds. En voilà une manière ! Moi qui croyais trouver le dîner prêt, je trouve le cuisinier endormi et rien à manger !

— C’est vrai ! J’ai fait la paresse ! répondit celui qu’il interpellait. Après avoir passé la nuit à avironner, j’ai voulu faire un somme et j’ai dormi plus longtemps que je l’aurais désiré.

— Mauvaise habitude, pour un coureur de bois ! Une des plus précieuses facultés que puisse avoir un homme dans notre position, est celle de pouvoir s’endormir et s’éveiller à volonté… Mais, fit-il tout à coup, en regardant autour de lui, où est donc la sauvagesse ?

— Ohquouéouée est partie pour retourner dans son pays.

— Déjà !… Et de but en blanc, comme cela ?… Puis, jetant un regard curieux sur son compagnon et changeant de sujet, il continua :

— Il doit rester un peu de poisson d’hier ?… Allume le feu, pendant que je vais préparer un peu de ga-