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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/155

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Dès qu’il fut parti, Le Suisse se mit à l’œuvre. Prenant, d’une main, l’outil qui lui avait servi de bêche, de l’autre une hache, il suivit la berge, en remontant le courant, jusqu’à ce qu’il eût trouvé un banc de gravier s’avançant dans la rivière et formant une presqu’île. Après l’avoir examiné et avoir constaté que le milieu en était de plusieurs pieds plus élevé que le niveau de l’eau, il se mit à creuser, dans la partie la plus élevée, une fosse d’environ trois pieds de diamètre. Quand son trou eut atteint une couple de pieds de profondeur, il cessa de creuser et, prenant sa hache, il entra sous bois. En peu de temps, il eut trouvé ce qu’il cherchait : un arbre séché sur pied. C’était un de ces bouleaux à l’écorce blonde et toute frisée, que les bûcherons désignent sous le nom de « merisiers ; » arbre au bois assez dur et qui fait un excellent combustible. Il abattit l’arbre, en débita une partie en morceaux de grosseur convenable pour faire du feu, puis il s’en retourna au trou qu’il venait de creuser dans le banc de gravier, en apportant autant de bois qu’il pouvait en porter.

Rendu à destination, Le Suisse jeta sa charge à terre et, en frappant une pierre à fusil avec la lame de son couteau de poche, il fit jaillir quelques étincelles qui mirent le feu à des morceaux d’écorce enroulés qu’il avait arrachés au tronc du merisier sec. Il plaça les écorces enflammées au fond du trou, les couvrit de branches sèches et cassées menues, puis il éleva par dessus le tout une pyramide du bois qu’il venait d’apporter.

Il resta un moment en surveillance devant son feu, puis, quand il fut certain qu’il ne s’éteindrait pas, il s’en fut chercher d’autres morceaux de bois.