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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/156

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À son retour, il vit que son feu flambait comme un incendie. Il y entassa le bois qu’il venait d’apporter, retourna en chercher encore une couple de brassées, qu’il empila par dessus le tout, puis il chercha un endroit où il pût se coucher et dormir.

Quand Roger revint, une couple d’heures plus tard, il trouva son compagnon couché sur la berge et dormant profondément, à une dizaine de pas de son feu qui, maintenant, était réduit à un monceau de braises emplissant le trou jusqu’aux bords. Il l’éveilla et, lui montrant six perdrix, il dit :

— Voilà notre souper.

Au premier mot, Le Suisse fut sur son séant. Son regard tombant sur les perdrix, il répondit, après un rapide examen :

— Six perdrix !… Avec le poisson et les fruits, nous en aurons bien pour trois ou quatre jours sans toucher à notre farine. Et c’est bien heureux, car nous n’en avons pas beaucoup de farine ! Heureusement, aussi, que nous sommes à la saison de l’abondance.

D’un bond, il se mit debout et ajouta :

Ouvre les oiseaux et vide-les, pendant que je vais préparer le four.

— Je vais commencer par les plumer ? interrogea Roger.

— Ne t’occupe pas de la plume ; enlève seulement les intestins. Quand cela sera fait tu iras à quelques pas d’ici, jusqu’à un merisier sec que j’ai abattu tout à l’heure. Tu en débiteras une couple de bonnes brassées de bois que tu apporteras ici.

Tout en expliquant à Roger ce qu’il attendait de lui, Le Suisse ne perdait pas son temps. Le banc de gravier où il avait creusé son fourneau s’étendait