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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/158

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endormis, il ne restait que quelques braises à demi enfouies sous la cendre.

Le Suisse se leva le premier. Il alla au brasier, écarta ce qui restait de tisons et se mit à creuser dans la cendre et le gravier au moyen de son outil redevenu bêche. Au bout de deux ou trois minutes de ce travail, il déterra une espèce de caillou, qu’il roula jusqu’à l’endroit où ils avaient dormi. Puis il se mit à frapper ce caillou à petits coups de sa bêche, en distribuant ses coups de manière à marquer une ligne faisant le tour de la boule. Soudain, celle-ci, comme une noix dont on brise l’écale, se fendit en deux moitiés qui, en s’écartant, firent voir à Roger émerveillé, une perdrix cuite à point et complètement dépouillée de sa peau ; celle-ci adhérant à l’intérieur de la boule, où elle était retenue par les plumes, restées prises dans la glaise durcie.

— Mange celle-ci ; je vais m’en tirer une autre, dit Le Suisse à son compagnon. Et il retourna au brasier.

Roger qui, tout en tenant sa perdrix par les pattes et en l’agitant en l’air pour la faire refroidir, n’avait pas perdu Le Suisse de vue, fut surpris de le voir, après qu’il eut retiré une autre perdrix du brasier, remplir le trou de gravier et de cendre.

— Et les autres ! s’exclama-t-il, qu’allez-vous en faire ?

— Les laisser dans leur trou, tout simplement, où nous les prendrons quand nous en aurons besoin. Ainsi enterrées sous ce gravier brûlant, elles peuvent se conserver chaudes et tendres, comme elles le sont à présent, pendant deux jours.