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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/159

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— Mais il faudra toujours bien les déterrer demain, avant de partir ?… À moins que nous ne les laissions ici ?… Car j’imagine que nous partons demain, n’est-ce pas ?

Le Suisse réfléchit quelques instants, puis répondit :

— Je n’ai pas l’intention de partir demain. Je ne fais que de commencer à ressentir les effets de l’eau minérale que j’ai bue hier et ce matin, et je crois qu’une couple de bonnes doses prises demain ne me feront pas de mal.

Ils s’étaient mis à manger et jouaient énergiquement des mâchoires depuis quelques instants en silence, quand Roger reprit :

— J’ai toujours entendu dire que, quand on se purgeait, il ne fallait pas manger. Cependant, l’eau que vous avez bue est une eau purgative, vous dites que vous en ressentez les effets, et vous mangez comme deux ?

— Voilà qui te montre l’avantage qu’il y a à se purger par des moyens naturels. Si j’avais pris quelques-unes des drogues que préparent les médecins et les apothicaires, il me faudrait me tenir tranquille, me priver de manger et probablement garder le lit. Tandis qu’avec cette eau, je continue de faire et de manger ce qui me plaît.

Tout en parlant, nos deux voyageurs avaient achevé leur repas. Des deux perdrix, il ne restait que les os. Leur appétit satisfait, ils érigèrent un toit de branches, afin de se protéger contre l’humidité de la nuit. Ces préparatifs achevés et les ténèbres étant venues à la suite du long crépuscule de l’été, ils s’é-