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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/167

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de la même manière qu’ils avaient contourné le premier. Les jours qui suivirent, ils continuèrent leur route, tantôt ramant, tantôt portageant.

Le sixième jour après leur départ de la source, vers le milieu de l’après-midi et comme ils venaient de dépasser un coude de la rivière, Roger, qui était toujours à l’avant du canot, dit à son compagnon :

— Voyez donc, au beau milieu de la rivière, ce rocher de quelques verges seulement d’étendue et qui, bien que paraissant absolument nu, n’en supporte pas moins un pin d’une assez grande hauteur.

— Nous sommes arrivés au rocher que j’ai nommé le Rocher du Pin Solitaire, répondit Le Suisse. Avant une demi-heure, nous dépasserons l’embouchure d’une rivière assez considérable qui descend des hauteurs, sur notre droite. Nous entendons déjà le bruit qu’elle fait en dégringolant la pente.

En effet, en prêtant l’oreille, Roger perçut un grondement sourd et continu qui, à peine perceptible d’abord, allait toujours en grandissant à mesure que le canot approchait de l’endroit où cette rivière se jette dans celle qu’ils remontaient. Nos voyageurs approchaient de l’embouchure de la rivière Magog, qui conduit les eaux du lac Memphrémagog à la rivière Saint-François. De nos jours, ces deux rivières se réunissent en pleine ville de Sherbrooke,

Encore un peu plus d’une lieue, continua Le Suisse, et nous laisserons le Saint-François pour entrer dans une rivière que les sauvages appellent : « Massawipi. » Nous remonterons cette rivière la distance